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1 " 'I ■ .TERRAINS A VENDRE.\t131 Trouas die s, Rosalie croyait voir un artiste inspiré. M. Gaillard remplissait consciencieusement son rôle de trouble-fète : il faisait causer Henri Tourneur. Le bonhomme appartenait à la déplorable catégorie des ignorants qui veulent apprendre, dans un âge où l’on n’apprend plus. Épris de 'histoire romaine, comme on s’éprend de l histoire naturelle des insectes ou des coquillages, il avait lu et relu deux ou trois volumes d’érudition surannée ; il les citait à tout propos, in¬ terrogeant , discutant, et cherchant, comme il disait, à étendre le modeste champ de ses connaissances. Henri faisait sa partie avec tout le respect qu'on doit àl àge, à la fortune, et à la qualité d'un futur beau- père. Quand il était las de disserter, et que les jeunes gens se rejetaient sur le chapitre de leur amour et de leurs espérances, il reprenait bientôt la parole et s’embarquait dans de longues recommandations il San- dreuses qui pourraient se résumer ainsi : « Ne vous aimez pas trop ; vous savez que rien n’est encore dé¬ cidé. » En dépit de ces petites précautions, l'atelier de Henri était un paradis terrestre, sous la garde de Boule-de-Neige. M. de Chingru essaya plusieurs fois de s’y introduire; il soupçonnait quelque mystère. Mais il trouva toujours visage de bronze. Boule-de- Neige lui répondait imperturbablement ; « Monsieur sortir dehors, — maître â moi dîner en ville. — Bon petit blanc partir campagne, chasser les bétes, tirer fusil, » C est son maître qui lui a enseigné la langue