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TERRAINS A VENDRE.\t127 + pitalier, au milieu de tant d’hiéroglyphes qu’il com¬ prend, on l’admire. Ses habits, quels qu’ils soient, ajoutent au charme. C’est un costume à part, exempt des ridicules de la mode, et bien en harmonie avec ce qui l’entoure. S’il est en cotonnade, il doit venir de Flnde ; s’il est en flanelle, il a été tissé en Ecosse avec les laines de l’Australie : on ne s’avisera jamais qu’il sort de la Belle'-Jardinière. Les pantoufles rouges, achetées rue Montmartre, se transforment en babou¬ ches de Smyrne ou de Beyrouth. La petite chambre à coucher, dont la porte entr’ouverte laisse voir un lit couvert d’algérienne, a comme un faux air de harem. On ne s’étonnerait qu’à moitié si l’on en voyait sortir cinq ou six oudâls, une gargoulette à la main, une amphore sur la tête. Pour peu qu’on voie rôder dans l’atelier un beau nègre, comme Bouie-de-Neige, vêtu à l’orientale, l’illusion est complète. Il n’est pas, jus¬ qu’à l’odeur capiteuse des vernis et des essences qui ne contribue pour sa part à cet enivrement. Ajoutez quelques gouttes de vin de Malaga dans un verre de Vënise, et Rosalie Gaillard, qui n’a jamais bu que de l’eau, se croira transportée à mille lieues de Paris. La première séance fut décisive. Henri avait fait transplanter dans son jardin tout le fonds d’un fleu¬ riste de Montmartre ; il avait mis des plates-bandes jusque dans l'atelier; « Si j'allais chez elle, pensait- il» je lui porterais un bouquet tous les jours; je ne veux pas qu elle perde. » Rosalie adorait les fleurs :