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6\tLES JUMEAUX DE LHÔTEL CORNEILLE. gen ou de Gobseck, et Mathieu le bruit frétillant de ces clochettes rustiques qui annoncent le retour des troupeaux.\t' Nous sortions quelquefois ensemble. Léonce nous promenait sur le boulevard des Italiens et dans les beaux quartiers de Paris. Il choisissait des hôtels, il achetait des chevaux, il enrôlait des laquais. Lorsqu’il voyait une tête désagréable dans un joli coupé, il nous prenait à partie : « Tout marche de travers, disait-il, et l’univers est un sot pays. Est-ce que cette voiture ne nous irait pas cent fois mieux ? » Il disait nous par politesse. Sa passion pour les chevaux était si vio¬ lente, que Mathieu lui prit un abonnement de vingt cachets au manège Leblanc. Mathieu, lorsque nous lui laissions le soin de nous conduire, s’acheminait vers les bois de Meudon et de Clamart. Il prétendait que la campagne est plus belle que la ville, même en hiver, et les corbeaux sur la neige flattaient plus agréablement sa vue que les bourgeois dans la crotte. Opinion paradoxale et contre laquelle j’ai toujours protesté. Léonce nous suivait en murmurant et en traînant le pied. Au .plus profond des bois, il rêvait des associations mystérieuses comme celle des Treize, et il nous proposait de nous liguer ensemble pour la conquête de Paris. De mon côté, je fis faire à mes amis quelques pro¬ menades curieuses. Il s’est fondé à l’école normale un petit bureau de bienfaisance. Une cotisation de quel-