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98\tL ONCLE ET LE NEVEU. aimé père, M. Auvray, dont je n’oublierai plus ni la rue, ni le numéro : « Monsieur, vous avez une fille, « Mlle Claire Auvray ; je l’ai vue cet été aux eaux ■ « d’Ems, avec sa mère ; je l’aime ; elle m’a bien assez « prouvé qu’elle m’aimait, et, si vous ne craignez « pas que je retombe malade, j’ai l’honneur de vous « demander sa main. » Le docteur ne fit qu’un petit signe de tête, mais Claire passa ses bras autour du cou du malade et le baisa sur le front. Je ne désire pas une autre réponse lorsque je ferai pareille demande. Le même jour, M. Morlot, plus calme et délivré de la camisole, se leva à huit heures du matin. En sor¬ tant du lit, il prit ses pantoufles, les tourna, les re¬ tourna , les sonda soigneusement, et les passa à l’in¬ firmier en le suppliant de voir si elles ne contenaient pas trente mille livres de rente. C’est alors seulement qu’il se décida à se chausser. Il se peigna pendant une bonne demi-heure en répétant : « Je ne veux pas qu’on dise que la fortune de mon neveu est passée sur ma tête. » II secoua chacun de ses vêtements par la fenêtre, après les avoir fouillés jusque dans leurs derniers replis. Habillé, il demanda un crayon et écrivit sur les murs de sa chambre : BIEN d’autrui NE DÉSIRERAS. Puis il commença à se frotter les mains avec une incroyable vivacité , pour se convaincre que la fortune