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Mary-Ann laissa tomber le pain qu’elle portait à sa bouche. « Donnez-moi à boire un peu de vin, » dit-elle. Le brigand lui tendit la coupe pleine ; mais à peine y eut-elle trempé ses lèvres, qu’elle laissa échapper un cri de répugnance et d’effroi. La pauvre enfant s’imagina que le vin était empoisonné. Je la rassurai en vidant la coupe d’un seul trait. « Ne craignez rien, lui dis-je ; c’est la résine.

— Quelle résine ?

— Le vin ne se conserverait pas dans les outres si l’on n’y ajoutait une certaine dose de résine, qui l’empêche de se corrompre. Ce mélange ne le rend pas agréable, mais vous voyez qu’on le boit sans danger. »

Malgré mon exemple, Mary-Ann et sa mère se firent apporter de l’eau. Le brigand courut à la source et revint en trois enjambées. « Vous comprenez, mesdames, dit-il en souriant, que le Roi ne ferait pas la faute d’empoisonner des personnes aussi chères que vous. » Il ajouta, en se tournant vers moi : « Vous, monsieur le docteur, j’ai ordre de vous apprendre que vous avez trente jours pour terminer vos études et payer la somme. Je vous fournirai, ainsi qu’à ces dames, tout ce qu’il faut pour écrire.

— Merci, dit Mme  Simons. Nous y penserons dans huit jours, si nous ne sommes pas délivrées.

— Et par qui, madame ?

— Par l’Angleterre !

— Elle est loin.

— Ou par la gendarmerie.

— C’est la grâce que je vous souhaite. En attendant, désirez-vous quelque chose que je puisse vous donner ?