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« S’il en est ainsi, me dit-il, je ne ferai pas la faute de vous garder ici malgré vous. J’aime mieux vous renvoyer à la ville. Madame vous confiera une lettre pour monsieur son frère, et vous partirez aujourd’hui même. Si cependant vous aviez besoin de rester un jour ou deux dans la montagne, je vous offrirais l’hospitalité ; car je suppose que vous n’êtes pas venu jusqu’ici avec cette grande boîte pour regarder le paysage. »

Ce petit discours me procura un soulagement notable. Je promenai autour de moi un regard de satisfaction. Le Roi, ses secrétaires et ses soldats me parurent beaucoup moins terribles ; les rochers voisins me semblèrent plus pittoresques, depuis que je les envisageais avec les yeux d’un hôte et non d’un prisonnier. Le désir que j’avais de voir Athènes se calma subitement, et je me fis à l’idée de passer deux ou trois jours dans la montagne. Je sentais que mes conseils ne seraient pas inutiles à la mère de Mary-Ann. La bonne dame était dans un état d’exaltation qui pouvait la perdre. Si par aventure elle s’obstinait à refuser la rançon ! Avant que l’Angleterre vînt à son secours, elle avait le temps d’attirer quelque malheur sur une tête charmante. Je ne pouvais m’éloigner d’elle sans lui raconter, pour sa gouverne, l’histoire des petites filles de Mistra. Que vous dirai-je encore ? Vous savez ma passion pour la botanique. La flore du Parnès est bien séduisante à la fin d’avril. On trouve dans la montagne cinq ou six plantes aussi rares que célèbres. Une surtout : la Boryana variabilis, découverte et baptisée par M. Bory de Saint-Vincent. Devais-je laisser une telle lacune dans mon herbier et me présenter au muséum de Hambourg sans la Boryana variabilis ?