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Ils demandèrent où était Hadgi-Stavros. On leur répondit qu’il travaillait dans ses bureaux.

« Enfin, dit Mme Simons, je pourrai donc m’asseoir dans un fauteuil. »

Elle prit mon bras, offrit le sien à sa fille, et marcha d’un pas délibéré dans la direction où la foule nous conduisait. Les bureaux n’étaient pas loin du camp, et nous y fûmes en moins de cinq minutes.

Les bureaux du Roi ressemblaient à des bureaux comme le camp des voleurs ressemblait à un camp. On n’y voyait ni tables, ni chaises, ni mobilier d’aucune sorte. Hadgi-Stavros était assis en tailleur, sur un tapis carré, à l’ombre d’un sapin. Quatre secrétaires et deux domestiques se groupaient autour de lui. Un jeune garçon de seize à dix-huit ans s’occupait incessamment à remplir, à allumer et à nettoyer le chibouk du maître. Il portait à la ceinture un sac à tabac, brodé d’or et de perles fines, et une pince d’argent destinée à prendre les charbons. Un autre serviteur passait la journée à préparer les tasses de café, les verres d’eau et les sucreries destinés à rafraîchir la bouche royale. Les secrétaires, assis à cru sur le rocher, écrivaient sur leurs genoux avec des roseaux taillés. Chacun d’eux avait à portée de la main une longue boîte de cuivre contenant les roseaux, le canif et l’écritoire. Quelques cylindres de fer-blanc, pareils à ceux où nos soldats roulent leur congé, servaient de dépôt des archives. Le papier n’était pas indigène, et pour cause. Chaque feuille portait le mot Bath en majuscules.

Le Roi était un beau vieillard, merveilleusement conservé, droit, maigre, souple comme un ressort, propre et luisant comme un sabre neuf. Ses