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grecque, d’un bataillon de Sa Majesté Britannique, et d’un stationnaire anglais ? Ainsi raisonnait Mary-Ann. Pour moi, je pensais involontairement à l’histoire des petites filles de Mistra, et je me sentais gagné de tristesse. Je craignais que Mme Simons, par son obstination patriotique, n’exposât sa fille à quelque grand danger, et je me promettais de l’éclairer au plus tôt sur sa situation. Nous marchions un à un dans un sentier étroit, séparés les uns des autres par nos farouches compagnons de voyage. La route me paraissait interminable, et je demandai plus de dix fois si nous n’étions pas bientôt arrivés. Le paysage était affreux : la roche nue laissait à peine échapper par ses crevasses un petit buisson de chêne vert ou une touffe de thym épineux qui s’accrochait à nos jambes. Les brigands victorieux ne manifestaient aucune joie, et leur marche triomphale ressemblait à une promenade funèbre. Ils fumaient silencieusement des cigarettes grosses comme le doigt. Aucun d’eux ne causait avec son voisin : un seul psalmodiait de temps en temps une sorte de chanson nasillarde. Ce peuple est lugubre comme une ruine.

Sur les onze heures, un aboiement féroce nous annonça le voisinage du camp. Dix ou douze chiens énormes, grands comme des veaux, frisés comme des moutons, se ruèrent sur nous en montrant toutes leurs dents. Nos protecteurs les reçurent à coups de pierres, et après un quart d’heure d’hostilités la paix se fit. Ces monstres inhospitaliers sont les sentinelles avancées du Roi des Montagnes. Ils flairent la gendarmerie comme les chiens des contrebandiers flairent la douane. Mais ce n’est pas tout, et leur zèle est si grand,