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des provisions, et vous m’exposez à mourir de faim ! Nous devions déjeuner au khan, et le khan est abandonné ! J’ai la constance de vous suivre à jeun jusqu’à cet affreux village, et tous les paysans sont partis ! Tout cela n’est pas naturel. J’ai voyagé en Suisse : la Suisse est un pays de montagnes, et cependant je n’y ai manqué de rien : j’y ai toujours déjeuné à mes heures, et j’ai mangé des truites, entendez-vous ? »

Mary-Ann essaya de calmer sa mère, mais la bonne dame n’avait pas d’oreilles. Dimitri lui expliqua comme il put que les habitants du village étaient presque tous charbonniers, et, que leur profession les dispersait assez souvent dans la montagne. En tout cas, il n’y avait pas encore de temps de perdu : il n’était pas plus de huit heures, et l’on était sûr de trouver à dix minutes de marche une maison habitée et un déjeuner tout prêt.

« Quelle maison ? demanda mistress Simons.

— La ferme du couvent. Les moines du Pentélique ont de vastes terrains au-dessus de Castia. Ils y élèvent des abeilles. Le bon vieillard qui exploite la ferme a toujours du vin, du pain, du miel et des poules : il nous donnera à déjeuner.

— Il sera sorti comme tout le monde.

— S’il est sorti, il ne sera pas loin. Le temps des essaims approche, et il ne peut pas s’écarter beaucoup de ses ruchers.

— Allez-y voir ; moi, j’ai assez voyagé depuis ce matin. Je fais vœu de ne pas remonter à cheval avant d’avoir mangé.

— Madame, vous n’aurez pas besoin de remonter à cheval, reprit Dimitri, patient comme un guide. Nous pouvons attacher nos bêtes à