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avait des fleurs au corsage et dans les cheveux, et quelles fleurs, monsieur ? Je vous le donne en mille. Moi, je pensai mourir de joie en reconnaissant sur elle la Boryana variabilis. Tout me tombait du ciel en même temps. Y a-t-il rien de plus doux que d’herboriser dans les cheveux de celle qu’on aime ? J’étais le plus heureux des hommes et des naturalistes ! L’excès du bonheur m’entraîna par-dessus toutes les bornes des convenances. Je me retournai brusquement vers elle, je lui tendis les mains, je criai : « Mary-Ann ! c’est moi ! »

Le croyez-vous, monsieur ? elle recula comme épouvantée, au lieu de tomber dans mes bras. Mme Simons leva si haut la tête, qu’il me sembla que son oiseau de paradis s’envolait au plafond. Le vieux monsieur me prit par la main, me conduisit à l’écart, m’examina comme une bête curieuse et me dit : « Monsieur, êtes-vous présenté à ces dames ?

— Il s’agit bien de tout cela, mon digne monsieur Sharper ! mon cher oncle ! Je suis Hermann ! Hermann Schultz ! leur compagnon de captivité ! leur sauveur ! Ah ! j’en ai vu de belles, allez ! depuis leur départ. Je vous conterai tout cela chez nous.

Yes, yes, répondit-il. Mais la coutume anglaise, monsieur, exige absolument qu’on soit présenté aux dames avant de leur raconter des histoires.

— Mais puisqu’elles me connaissent, mon bon et excellent monsieur Sharper ! nous avons dîné plus de dix fois ensemble ! Je leur ai rendu un service de cent mille francs ! vous le savez bien ? chez le Roi des montagnes ?