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terre, et comme il y avait huit jours que je vivais en tête-à-tête avec mon état-major, je me promettais une petite débauche de conversation. J’arrête un fiacre sur le port, et je le prends pour la soirée. Je tombe chez Christodule au milieu d’une consternation générale : je n’aurais jamais cru que tant d’ennui pût tenir dans la maison d’un pâtissier. Tout le monde était réuni pour le souper, Christodule, Maroula, Dimitri, Giacomo, William, M. Mérinay et la petite fille des dimanches, plus endimanchée que jamais ; William me conta votre affaire. Si j’ai poussé de beaux cris, inutile de vous le dire. J’étais furieux contre moi de n’avoir pas été là. Le petit m’assure qu’il a fait tout ce qu’il a pu. Il a battu toute la ville pour quinze mille francs, mais ses parents lui ont ouvert un crédit fort limité ; bref, il n’a pas trouvé la somme. Il s’est adressé, en désespoir de cause, à M. Mérinay ; mais le doux Mérinay prétend que tout son argent est prêté à des amis intimes, loin d’ici, bien loin, plus loin que le bout du monde.

« Hé ! morbleu ! dis-je à Lobster, c’est en monnaie de plomb qu’il faut payer le vieux scélérat. À quoi te sert-il d’être plus adroit que Nemrod, si ton talent n’est bon qu’à écorner la prison de Socrate ? Il faut organiser une chasse aux Pallicares ! J’ai refusé dans le temps un voyage dans l’Afrique centrale ; et j’en suis encore aux regrets. C’est double plaisir de tirer un gibier qui se défend. Fais provision de poudre et de balles, et demain matin nous entrons en campagne. » William mord à l’hameçon, Giacomo donne un grand coup de poing sur la table ; vous connaissez les coups de poing de Giacomo. Il jure de nous accom-