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faire provision d’armes et de cartouches, et tracer, à travers le chemin, une longue traînée de poudre. Ils revinrent discrètement se mêler à la foule. Les deux partis se dessinaient de minute en minute ; les injures volaient d’un groupe à l’autre. Nos champions, adossés à la chambre de Mary-Ann, gardaient l’escalier, nous faisaient un rempart de leur corps, et rejetaient l’ennemi dans le cabinet du Roi. Au plus fort de la poussée, un coup de pistolet retentit. Un ruban de feu courut sur la poussière et l’on entendit sauter les rochers avec un fracas épouvantable.

Coltzida et ses partisans, surpris par la détonation, coururent en bloc à l’arsenal. Tambouris ne perd pas une minute : il enlève Hadgi-Stavros, descend l’escalier en deux enjambées, le dépose en lieu sûr, revient à moi, m’emporte et me jette aux pieds du Roi. Nos amis se retranchent dans la chambre, coupent les arbres, barricadent l’escalier et organisent la défense avant que Coltzida soit revenu de sa promenade et de sa surprise.

Nous nous comptons alors. Notre armée se composait du Roi, de ses deux domestiques, de Tambouris avec huit brigands, de Dimitri et de moi : en tout, quatorze hommes, dont trois hors de combat. Le cafedgi s’était empoisonné avec son maître, et il commençait à ressentir les premières atteintes du mal. Mais nous avions deux fusils par personne et des cartouches à discrétion, tandis que les ennemis ne possédaient d’armes et de munitions que ce qu’ils portaient sur eux. Ils avaient l’avantage du nombre et du terrain. Nous ne savions pas précisément combien ils comptaient d’hommes valides, mais il fallait s’attendre à vingt-cinq ou trente assaillants. Je n’ai plus