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— C’est juste. Mais par quelle fatalité leur ai-je donné un reçu ?

— Parce que je te l’ai conseillé, pauvre homme !

— Misérable ! chien mal baptisé ! schismatique d’enfer ! tu m’as ruiné ! tu m’as trahi ! tu m’as volé ! Quatre-vingt mille francs ! Je suis responsable ! Si du moins les Barley étaient banquiers de la Compagnie ! je ne perdrais que ma part. Mais ils n’ont que mes capitaux, je perdrai tout. Es-tu bien sûr au moins qu’elle soit associée de la maison Barley ?

— Comme je suis sûr de mourir aujourd’hui.

— Non ; tu ne mourras que demain. Tu n’as pas assez souffert. On te fera du mal pour quatre-vingt mille francs. Quel supplice inventer ? Quatre-vingt mille francs ! Quatre-vingt mille morts seraient peu. Qu’est-ce que j’ai donc fait à ce traître qui m’en a volé quarante mille ? Peuh ! Un jeu d’enfant, une plaisanterie ! Il n’a pas hurlé deux heures ! Je trouverai mieux. Mais s’il y avait deux maisons du même nom ?

— Cavendish-square, 31 !

— Oui, c’est bien là. Imbécile que ne m’avertissais-tu au lieu de me trahir ? Je leur aurais demandé le double. Elles auraient payé ; elles en ont le moyen. Je n’aurais pas donné de reçu : je n’en donnerai plus… Non, non ! c’est la dernière fois !… Reçu cent mille francs de Mme  Simons ! quelle sotte phrase ! Est-ce bien moi qui ait dicté cela ?… Mais j’y songe ! je n’ai pas signé !… Oui, mais mon cachet vaut une signature : ils ont vingt lettres de moi. Pourquoi m’as-tu demandé ce reçu ! Qu’attendais-tu de ces deux femmes ? Quinze mille francs pour ta rançon… L’égoïsme partout ! Il fallait t’ouvrir à moi : je t’aurais renvoyé pour