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vous jeter un coup d’œil sur les journaux d’Athènes ? le moine me les a apportés. Moi, je ne les lis presque jamais. Je sais au juste prix ce que valent les articles de journal, puisque je les paye. Voici la Gazette officielle, l’Espérance, le Pallicare, la Caricature. Tout cela doit parler de nous. Pauvres abonnés ! Je vous laisse. Si vous trouvez quelque chose de curieux, vous me le conterez. »

L’Espérance, rédigée en français et destinée à jeter de la poudre aux yeux de l’Europe, avait consacré un long article à démentir les dernières nouvelles du brigandage. Elle plaisantait spirituellement les voyageurs naïfs qui voient un voleur dans tout paysan déguenillé, une bande armée dans chaque nuage de poussière, et qui demandent grâce au premier buisson qui les arrête par la manche de leur habit. Cette feuille véridique vantait la sécurité des chemins, célébrait le désintéressement des indigènes, exaltait le calme et le recueillement qu’on est sûr de trouver sur toutes les montagnes du royaume.

Le Pallicare, rédigé sous l’inspiration de quelques amis d’Hadgi-Stavros, contenait une biographie éloquente de son héros. Il racontait que ce Thésée des temps modernes, le seul homme de notre siècle qui n’eût jamais été vaincu, avait tenté une forte reconnaissance dans la direction des roches Scironiennes. Trahi par la mollesse de ses compagnons, il s’était retiré avec des pertes insignifiantes. Mais, saisi d’un profond dégoût pour une profession dégénérée, il renonçait désormais à l’exercice du brigandage et quittait le sol de la Grèce ; il s’expatriait en Europe, où sa fortune, glorieusement acquise, lui permettrait de