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vous priais d’écrire à monsieur votre frère pour lui demander cent quinze mille francs.

— Pourquoi cent quinze ?

— Je veux dire cent mille.

— Non ; cent quinze. C’est trop juste. Êtes-vous bien sûr que ce Stavros ne nous retiendra pas ici lorsqu’il aura reçu l’argent ?

— Je vous en réponds. Les brigands sont les seuls Grecs qui ne manquent jamais à leur parole. Vous comprenez que s’il leur arrivait une fois de garder les prisonniers après avoir touché la rançon, personne ne se rachèterait plus.

— Il est vrai. Mais quel singulier Allemand vous faites, de n’avoir pas parlé plus tôt !

— Vous m’avez toujours coupé la parole.

— Il fallait parler quand même !

— Mais, madame…

— Taisez-vous ? et conduisez-nous à ce maudit Stavros. »

Le Roi déjeunait d’un rôti de tourterelles, sous son arbre de justice, avec les officiers valides qui lui restaient encore. Sa toilette était faite : il avait lavé le sang de ses mains et changé d’habit. Il cherchait avec ses convives le moyen le plus expéditif de combler les vides que la mort avait faits dans ses rangs. Vasile, qui était de Janina, offrait d’aller lever trente hommes en Épire, où la surveillance des autorités turques a mis plus de mille brigands en retrait d’emploi. Un Laconien voulait qu’on acquît à beaux deniers comptants la petite bande du Spartiate Pavlos, qui exploitait la province du Magne, dans le voisinage de Calamata. Le Roi, toujours imbu des idées anglaises, pensait à organiser un recrutement par force et à enlever tous les bergers de l’Attique. Ce système