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— Mon Dieu mon Dieu qui sait ce qu’on va faire ? S’il ne s’agissait que de ces Anglaises, je ne me mettrais pas en peine. J’avouerais tout au ministre de la Guerre. Des Anglaises, il y en a assez. Mais prêter mes soldats pour attaquer la caisse de l’armée ! Envoyer Spiro contre la ligne ! On me montrera au doigt ; je ne danserai plus. »

Qui est-ce qui se frottait les mains pendant ce monologue ? C’était le fils de mon père, entre ses quatre soldats.

Hadgi-Stavros, paisiblement assis, dégustait son café à petites gorgées. Il dit à son filleul : « Te voilà bien embarrassé ! Reste avec nous. Je t’assure un minimum de dix mille francs par an, et j’enrôle tes hommes. Nous prendrons notre revanche ensemble. »

L’offre était séduisante. Deux jours plus tôt elle aurait enlevé bien des suffrages. Et pourtant elle parut sourire médiocrement aux gendarmes, nullement au capitaine. Les soldats ne disaient rien ; ils regardaient leurs anciens camarades ; ils lorgnaient la blessure de Sophoclis, ils pensaient aux morts de la veille, et ils allongeaient le nez dans la direction d’Athènes, comme pour flairer de plus près l’odeur succulente de la caserne.

Quant à M. Périclès, il répondit avec un embarras visible : « Je te remercie, mais j’ai besoin de réfléchir. Mes habitudes sont à la ville, je suis d’une santé délicate ; les hivers doivent être rudes dans la montagne ; me voici déjà enrhumé. Mon absence serait remarquée à toutes les réunions ; on me recherche beaucoup là-bas ; on m’a souvent proposé de beaux mariages. D’ailleurs, le mal n’est peut-être pas si grand que nous le croyons. Qui sait si les trois maladroits auront