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— Mais si je n’ai plus de montre, je ne saurai jamais…

— Madame, je me ferai toujours un bonheur de vous dire quelle heure il est. »

Mary-Ann fit observer à son tour qu’il lui répugnait de quitter ses pendants d’oreilles.

« Mademoiselle, répliqua le galant capitaine, vous êtes assez belle pour n’avoir pas besoin de parure. Vous vous passerez mieux de joyaux que vos joyaux ne se passeront de vous.

— Vous êtes trop bon, monsieur, mais mon nécessaire est un meuble indispensable. Qui dit nécessaire dit chose dont on ne saurait se passer.

— Vous avez mille fois raison, mademoiselle ; aussi je vous supplie de ne pas insister sur ce point. Ne redoublez point le regret que j’ai déjà de dépouiller légalement deux personnes aussi distinguées. Hélas ! mademoiselle, nous autres militaires, nous sommes les esclaves de la consigne, les instruments de la loi, les hommes du devoir. Daignez accepter mon bras, j’aurai l’honneur de vous conduire jusqu’à votre tente. Là, nous procéderons à l’inventaire, si vous voulez bien le permettre. »

Je n’avais pas perdu un mot de tout ce dialogue, et je m’étais contenu jusqu’à la fin ; mais quand je vis ce friponneau de gendarme offrir son bras à Mary-Ann pour la dévaliser poliment, je me sentis bouillir, et je marchai droit à lui pour lui dire son fait. Il dut lire dans mes yeux l’exorde de mon discours, car il me lança un regard menaçant, abandonna ces dames sur l’escalier de leur chambre, plaça une sentinelle à la porte et revint à moi en disant : « A nous deux ! »

Il m’entraîna, sans ajouter un mot, jusqu’au