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cascade. Elle fut cruellement désabusée en voyant des ennemis où elle espérait des sauveurs. Elle reconnut le Roi, le Corfiote et beaucoup d’autres. Ce qui l’étonna plus encore, c’est l’importance et le nombre de cette expédition matinale. Elle compta jusqu’à soixante hommes à la suite d’Hadgi-Stavros. « Soixante ! pensa-t-elle : il n’en resterait que vingt pour nous garder ! » L’idée d’une évasion, qu’elle repoussait l’avant-veille, se représenta avec quelque autorité à son esprit. Au milieu de ses réflexions, elle vit défiler une arrière-garde qu’elle n’attendait pas. Seize, dix-sept, dix-huit, dix-neuf, vingt hommes ! Il ne restait donc plus personne au camp ! Nous étions libres ! « Mary-Ann ! » cria-t-elle. Le défilé continuait toujours. La bande se composait de quatre-vingts brigands ; il en partait quatre-vingt-dix ! Une douzaine de chiens fermaient la marche ; mais elle ne prit pas la peine de les compter.

Mary-Ann se leva au cri de sa mère et se précipita hors de la tente.

« Libres ! criait Mme Simons. Ils sont tous partis. Que dis-je ? Il en est parti plus qu’il n’y en avait. Courons, ma fille ! »

Elles coururent à l’escalier et virent le camp du Roi occupé par les gendarmes. Le drapeau grec flottait triomphalement au faîte du sapin. La place d’Hadgi-Stavros était occupée par M. Périclès. Mme Simons vola dans ses bras avec un tel emportement, qu’il eut du mal à parer l’embrassade.

« Ange de Dieu, lui dit-elle, les brigands sont partis ! »

Le capitaine répondit en anglais : « Oui, madame.