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sous le drapeau. Deux ou trois moustaches grises disaient hautement qu’on faisait la part trop belle au choix et qu’on ne tenait pas assez compte de l’ancienneté. Quelques grognards vantaient leurs états de service et prétendaient avoir fait un congé dans le brigandage. Le capitaine les calma de son mieux en promettant que leur tour viendrait.

Hadgi-Stavros, avant de partir, remit toutes les clefs à son suppléant. Il lui montra la grotte au vin, la caverne aux farines, la crevasse au fromage et le tronc d’arbre où l’on serrait le café. Il lui enseigna toutes les précautions qui pouvaient empêcher notre fuite et conserver un capital si précieux. Le beau Périclès répondit en souriant : « Que crains-tu ? Je suis actionnaire. »

À sept heures du matin, le Roi se mit en marche et ses sujets défilèrent un à un derrière lui. Toute la bande s’éloigna dans la direction du nord, en tournant le dos aux roches Scironiennes. Elle revint, par un chemin assez long, mais commode, jusqu’au fond du ravin qui passait sous notre appartement. Les brigands chantaient du haut de leur tête, en piétinant dans l’eau de la cascade. Leur marche guerrière était une chanson de quatre vers, un péché de jeunesse d’Hadgi-Stavros :

Un Clephte aux yeux noirs descend dans les plaines ; Son fusil doré…, etc.

Vous devez connaître cela ; les petits garçons d’Athènes ne chantent pas autre chose en allant au catéchisme.

Mme Simons, qui dormait auprès de sa fille et qui rêvait gendarmes, comme toujours, se réveilla en sursaut et courut à la fenêtre, c’est-à-dire à la