pars aujourd’hui par le train de sept heures, et je n’ose espérer de vous revoir jamais.
— Laissez-moi votre adresse. Je n’ai pas encore renoncé aux plaisirs du voyage, et je passerai peut-être par Hambourg.
— Malheureusement, je ne sais pas moi-même où je planterai ma tente. L’Allemagne est vaste ; il n’est pas dit que je resterai citoyen de Hambourg.
— Mais, si je publie votre histoire, au moins faut-il que je puisse vous en envoyer un exemplaire.
— Ne prenez pas cette peine. Sitôt que le livre aura paru, il sera contrefait à Leipzig, chez Wolfgang Gerhard, et je le lirai. Adieu. »
Lui parti, je relus attentivement le récit qu’il m’avait dicté ; j’y trouvai quelques détails invraisemblables, mais rien qui contredît formellement ce que j’avais vu et entendu pendant mon séjour en Grèce.
Cependant, au moment de donner le manuscrit à l’impression, un scrupule me retint s’il s’était glissé quelques erreurs dans la narration d’Hermann ! En ma qualité d’éditeur, n’étais-je pas un peu responsable ? Publier sans contrôle l’histoire du Roi des montagnes, n’était-ce pas m’exposer aux réprimandes paternelles du Journal des Débats, aux démentis des gazetiers d’Athènes, et aux grossièretés du Spectateur de l’Orient ? Cette feuille clairvoyante a déjà inventé que j’étais bossu : fallait-il lui fournir une occasion de m’appeler aveugle ?
Dans ces perplexités, je pris le parti de faire deux copies du manuscrit. J’envoyai la première à un homme digne de foi, un Grec d’Athènes,