Page:About - Le Roi des montagnes.djvu/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de défiance, consulta sa fille et finit par accorder ce que je demandais. Hadgi-Stavros favorisa notre rendez-vous en retenant le Corfiote auprès de lui. Il fit porter son tapis au haut de l’escalier rustique qui conduisait à notre campement, déposa ses armes à portée de sa main, fit coucher le chiboudgi à sa droite et le Corfiote à sa gauche, et nous souhaita des rêves dorés.

Je me tins prudemment sous ma tente jusqu’au moment où trois ronflements distincts m’assurèrent que nos gardiens étaient endormis. Le tapage de la fête s’éteignait sensiblement. Deux ou trois fusils retardataires troublaient seuls de temps en temps le silence de la nuit. Notre voisin le rossignol poursuivait tranquillement sa chanson commencée. Je rampai le long des arbres jusqu’à la tente de Mme  Simons. La mère et la fille m’attendaient sur l’herbe humide : les mœurs anglaises m’interdisaient l’entrée de leur chambre à coucher.

« Parlez, monsieur, me dit Mme  Simons ; mais faites vite. Vous savez si nous avons besoin de repos. »

Je répondis avec assurance : « Mesdames, ce que j’ai à vous dire vaut bien une heure de sommeil. Voulez-vous être libres dans trois jours ?

— Mais, monsieur, nous le serons demain, ou l’Angleterre ne serait plus l’Angleterre ! Dimitri a dû avertir mon frère vers cinq heures ; mon frère a vu notre ministre à l’heure du dîner ; on a donné les ordres avant la nuit ; les gendarmes sont en route, quoi qu’en ait dit le Corfiote, et nous serons délivrés au matin pour notre déjeuner.

— Ne nous berçons pas d’illusions ; le temps