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ET PEINTURE DÉCORATIVE

M. H.-Eugène Delacroix, qui porte avec le courage le plus méritoire un nom trop lourd pour ses épaules, se démène comme un désespéré dans le grand. C’est un artiste moins heureux qu’entreprenant, moins habile que hardi ; il poursuit à la fois le grand dessin et la belle couleur, et peut-être, avec le temps, attrapera-t-il quelque chose. En attendant, sa vaste composition d’Orphée déchiré par les Bacchantes est encore terriblement brouillée. Je voudrais que ce peintre si persévérant entreprît une fois de concentrer sur une seule figure le savoir et l’effort qu’il gaspille dans ce grand coquin de tableau.

Je me demande si M. Rixens, en essayant de peindre la Mort d’Agrippine, n’a pas entrepris l’impossible. Les mots fameux : Feri ventrem ! l’héroïque impudeur de la femme qui désigne au fer des assassins les flancs qui ont porté Néron, tout cela est plus beau dans l’histoire que dans la peinture. L’artiste a dû tourner et retourner vingt fois sa figure principale avant de s’arrêter à cette