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fortune, l’éducation, le talent, ont conquis depuis cinquante ans des droits qui étaient réservés à la naissance. Rome a vu venir en chaise de poste des étrangers qui n’étaient pas nés. C’était de grands artistes, des écrivains éminents, des diplomates sortis du peuple, des commerçants élevés au rang des capitalistes, ou plus modestement encore, des hommes du monde qui sont partout à leur place, parce qu’ils savent vivre. La bonne compagnie les a reçus, non plus de prime-saut, mais après un examen approfondi. Elle leur a fait subir certaines épreuves ; les a fouillés prudemment pour s’assurer qu’ils n’apportaient pas de doctrines dangereuses. Elle se dit : « Si nous ne pouvons plus être une famille, soyons une franc-maçonnerie. »

Je vous ai averti que les princes romains étaient sinon sans orgueil, au moins sans morgue. Cette observation s’applique même aux princes de l’Église. Ils accueillent avec bienveillance un étranger de condition modeste, pourvu qu’il parle et pense comme eux sur deux ou trois questions capitales, qu’il vénère profondément certaines vieilleries et qu’il maudisse de tout son cœur certaines nouveautés. Montrez-leur patte blanche, ou vous n’entrerez point.

Ils sont intraitables sur ce chapitre. Ils résistent au rang, à la fortune et même aux nécessités les plus imposantes de la politique. Si la France envoyait chez eux un ambassadeur qui n’eût point patte blanche, l’ambassadeur de France resterait à la porte des salons