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la politique de son pays que je fus bien forcé de le reconnaître Italien et Bolonais. Ce que j’admirai le plus en lui, ce n’était encore ni l’étendue et la variété de ses connaissances, ni la netteté et la justesse de son esprit ; c’était l’élévation de son caractère et la modération de son langage. On devinait sous chacune de ses paroles un sentiment profond de la dignité de sa patrie, un amer regret de la voir méconnue et abandonnée ; un ferme espoir dans la justice de l’Europe en général et de la France en particulier ; quelque chose de fier, de triste et de doux qui me ravit. Il n’avait point de haine contre le pape, ni contre personne ; il trouvait la conduite des prêtres parfaitement logique en elle-même, quoique intolérable au pays. Il ne rêvait pas vengeance, mais délivrance.

J’ai su trois mois plus tard que ce précieux compagnon de voyage[1] était un homme du mezzo-ceto, et que Bologne en comptait plus d’un comme lui.

Mais j’avais déjà écrit sur mes tablettes ces simples mots datés de la cour des Postes, place du Grand-Duc, à Florence :

« Il y a une nation italienne. Il y a une nation italienne. Il y a une nation italienne. »

  1. M. Minghetti, aujourd’hui ministre du roi d’Italie. (Note de la 2e édition.)