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toutes, et si l’on ne craignait d’affamer un pays en mettant un homme à la porte.

Mais c’est qu’ils sont très-grands par-dessus le marché, ces entrepreneurs de culture ! L’un d’eux, en 48, sous le règne des triumvirs, quand les travaux publics étaient suspendus faute d’argent, fit terminer à ses frais le pont de Lariccia, un des plus beaux ouvrages de notre époque. Certes, il ne savait pas si le pape reviendrait jamais à Rome pour lui rembourser sa dépense. Il se conduisit comme un prince, et usurpa sans pudeur un rôle qui n’était pas fait pour sa caste.

Moi, qui n’ai pas l’honneur d’être prince, je n’ai point de raisons pour mépriser les marchands de campagne. J’en ai même d’assez valables pour les estimer beaucoup. Je les ai trouvés pleins d’intelligence, de bonhomie et de cordialité ; vrais bourgeois, dans la meilleure acception du mot. Mon seul regret, c’est qu’ils ne soient ni assez nombreux ni assez libres.

S’ils étaient seulement deux mille et que le gouvernement leur permît de faire à leur tête, la campagne de Rome prendrait bientôt un autre aspect, et la fièvre un autre chemin.

Les étrangers qui ont habité Rome pendant un certain temps parlent de la bourgeoisie aussi dédaigneusement que les princes. J’ai donné moi-même dans leur travers ; je suis donc en mesure de m’expliquer.

Ils ont logé en garni, et la propriétaire de leur appartement ne leur a pas été cruelle. C’est une chose