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l’influence du Vatican n’a pas encore perdu toutes les âmes. Le peuple est malheureux, ignorant, crédule, un peu farouche quelquefois, mais bon, hospitalier et généralement honnête. Si vous voulez l’étudier de près, faites-vous conduire à quelque village de la province de Frosinone, vers la frontière du royaume de Naples. Traversez les grandes plaines inhabitées où la mal’aria fleurit au soleil ; prenez le chemin rocailleux qui escalade péniblement la montagne ; vous ne tarderez pas à rencontrer une ville de 5 000 à 10 000 âmes qui sert de dortoir à 5 000 ou 10 000 paysans. Du plus loin qu’on l’aperçoit, cette cité rustique a un certain aspect grandiose ; le dôme d’une église, les larges bâtiments d’un cloître, la tour d’un château féodal, vous donnent à penser que c’est quelque chose. Une légion de femmes descendent à la fontaine avec des conques de cuivre sur la tête : vous souriez d’instinct ; voilà le mouvement et la vie. Entrez ! quelque chose de froid, d’humide, de nocturne vous saisit. Les rues sont des escaliers étroits qui rampent de temps en temps sous des voûtes. Les maisons fermées semblent désertes depuis un siècle. Personne aux portes, personne aux fenêtres, personne dans la rue. Vous pourriez croire que la malédiction du ciel est tombée sur le pays, si de grosses inscriptions placardées sur chaque façade ne prouvaient que les missionnaires viennent de passer. « Vive Jésus ! vive Marie ! vive le sang de Jésus ! vive le cœur de Marie ! Blasphémateurs, taisez-vous, pour l’amour de Marie ! » Ces sentences religieuses