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Supposez, par exemple, que les comités démocratiques de Londres et de Livourne envoient quelques officiers de recrutement dans la capitale du pape. Un plébéien honnête, doux, éclairé, y regarderait peut-être à deux fois avant de s’enrôler. Il pèserait le pour et le contre et tiendrait quelque temps la balance suspendue entre les vices du gouvernement et les dangers de la révolution. Mais la canaille des Monts prendra feu comme un tas de paille pour peu qu’on lui montre à l’horizon les profits d’une bagarre ; et les sauvages du Transtevère se déchaîneront tous à la fois si on leur fait voir dans le despotisme un attentat contre leur honneur. Mieux vaudrait une plèbe raisonneuse et composée de sages ennemis : le pape aurait souvent à compter avec elle ; mais il n’aurait jamais à trembler devant elle.

Je souhaite que les maîtres du pays n’aient plus de batailles à livrer contre la plèbe de Rome. Elle s’est laissé emporter bien facilement par les meneurs de 1848, et cependant le nom de république résonnait à ses oreilles pour la première fois. L’a-t-elle oublié ? Non. Elle se souviendra longtemps de cette parole magique, qui avait mis les grands en bas et les petits en haut. D’ailleurs les démagogues cachés qui s’agitent par la ville ne rassemblent pas les ouvriers dans le quartier de la Regola pour leur prêcher la soumission.

Je vous ai dit que les plébéiens de Rome méprisent les plébéiens de la campagne. Ils ne sont pourtant pas méprisables, même sur le versant de la Méditerranée. Dans cette malheureuse moitié de l’État pontifical,