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l’orgueil. Le désir légitime d’exercer les facultés qu’ils ont reçues dégénère en ambition, mais leur orgueil ne semblerait pas risible, ni leur ambition extravagante, s’ils avaient les mains libres pour agir. Pendant une longue série de siècles, ils ont été parqués dans un espace étroit par de petits gouvernements despotiques. L’impossibilité de viser au grand et le besoin d’agir qui les travaillait malgré tout, les ont poussés à des querelles misérables et à des guerres de clocher. Est-ce à dire qu’ils soient incapables de se fondre en corps de nation ? Je ne le crois nullement. Ils s’unissent déjà pour implorer le roi de Piémont et applaudir M. de Cavour. Si cette preuve ne vous suffit pas, tentez une expérience. Otez les barrières qui les séparent ; je parie qu’ils seront bientôt unis. Mais les garde-barrières sont le roi de Naples, le grand-duc de Toscane, l’Autriche, le pape, etc. ; voudront-ils donner les clefs ?

Je ne sais pas quelles sont « les qualités qui font la grandeur et la puissance des autres nations, » par exemple, de la nation autrichienne. Mais je vois bien peu de qualités physiques, intellectuelles ou morales qui manquent aux Italiens. Sont-ils dépourvus d’énergie ? M. de Rayneval le dit. C’est l’excès contraire que je leur aurais reproché. La défense absurde, mais vigoureuse, de Rome contre nous est le fait d’un peuple énergique. Dirons-nous qu’une armée française a été tenue en échec pendant deux mois par des hommes sans énergie ? Il faudrait que nous fussions bien modestes ! Les coups de couteau qui tombent drus comme