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changer l’accent, varier quelque peu le langage ; il n’en est pas moins vrai que les Italiens sont les mêmes partout, et que la classe moyenne, cette élite des peuples, pense et parle de la même façon depuis Turin jusqu’à Naples.

Beaux, robustes et sains, quand l’incurie des gouvernements ne les a pas livrés à la mal’aria, les Italiens sont en outre les esprits les mieux doués de l’Europe. M. de Rayneval, qui n’est pas homme à les flatter, leur accorde « l’intelligence, la pénétration, la compréhension de toutes choses. » La culture des arts leur est aussi naturelle que l’étude des sciences ; leurs premiers pas dans toutes les carrières ouvertes à l’esprit sont d’une rapidité singulière, et si la plupart d’entre eux s’arrêtent avant le but, c’est que des circonstances déplorables leur barrent presque toujours le chemin. Dans les affaires privées et publiques, ils ont le coup d’œil vif et une sagacité poussée jusqu’à la défiance. Aucune race n’est plus habile à faire et à discuter les lois ; ils triomphent dans la législation et la jurisprudence. L’idée de la loi a germé en Italie dès la fondation de Rome, et c’est le plus beau fruit de ce sol miraculeux. Ils possèdent encore à un haut degré le génie administratif ; l’administration est née au milieu d’eux pour la conquête du monde, et les plus grands administrateurs qu’on rencontre dans l’histoire, César et Napoléon, sont sortis de la race italienne.

Ainsi dotés par la nature, ils ont le sentiment de leurs aptitudes, et ils le poussent quelquefois jusqu’à