Les États du pape ne sont pas limités par la nature : ils se découpent sur la carte comme le hasard des événements les a faits et comme la bonhomie de l’Europe les a laissés. Une ligne imaginaire les sépare de la Toscane et de Modène ; la pointe méridionale entre dans le royaume de Naples ; la province de Bénévent est enclavée dans les États du roi Ferdinand, comme autrefois le Comtat-Venaissin dans le territoire français. Le pape enclave à son tour la république de Saint-Marin, ce Ghetto de la démocratie.
Je n’ai jamais jeté les yeux sur cette pauvre carte d’Italie, déchirée capricieusement en fractions inégales, sans faire une réflexion consolante.
La nature, qui a tout fait pour les Italiens, a pris soin d’enclore leur nation par des barrières magnifiques ; les Alpes et la mer la protègent de tous côtés, l’isolent, la réunissent en un corps distinct et semblent la destiner à une existence personnelle. Pour comble de bonheur, aucune clôture intérieure ne condamne les