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favorisent ouvertement l’agriculture, mais ils l’encouragent à grands frais, et ne croient pas jeter l’argent par la fenêtre. Ils savent que donner 5 000 francs à l’inventeur d’une bonne charrue, c’est placer un petit capital à gros intérêt. Leur royaume n’en sera que plus prospère, et leurs enfants plus riches. Mais le pape n’a pas d’enfants.

Ne pourrait-il au moins ménager ces malheureux paysans qui lui donnent à vivre ?

Un statisticien d’un talent et d’une loyauté incontestables[1] a prouvé que dans la commune de Bologne les propriétés rurales payaient 160 fr. d’impôt par 100 fr. de rente imposable. Le fisc ne se contente pas d’absorber tout le revenu ; il mord chaque année un petit morceau du capital. Que vous semble de cette modération ?

En 1855, la vigne était malade partout. Les gouvernements laïques soulageaient à qui mieux mieux les malheureux propriétaires. Le cardinal Antonelli profita de l’occasion pour frapper la vigne d’un impôt de 1 862 500 fr. Et, comme le raisin n’était pas là pour payer, l’impôt fut réparti sur les communes. Quel était le pire fléau, de l’oïdium ou du cardinal Antonelli ! Ce n’était pas l’oïdium, car il a disparu, et le cardinal est resté.

Tous les blés récoltés dans l’Agro Romano payent un droit fixe de 2 écus 2 dixièmes par rubbio. Le rubbio

  1. La Dette publique des États romains, par le marquis J.-N. Pepoli (Turin, 1858), publié à Paris sous le titre de Finances pontificales (E. Dentu, 1860).