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renforcer l’armée de l’Église, ou pour complaire à la France qui le dominait ?

S’il a rompu ses relations avec les provinces espagnoles de l’Amérique, le jour où elles ont proclamé leur indépendance, était-ce dans l’intérêt de l’Église ou dans l’intérêt de l’Espagne ?

S’il a suspendu l’excommunication sur la tête des Romains qui portaient leur argent aux loteries étrangères, était-ce pour attacher leurs cœurs à l’Église, ou pour ramener leurs écus au trésor ?

M. Thiers sait tout cela mieux que moi, mais n’a-t-il pas songé qu’en coiffant du même bonnet le souverain spirituel de l’Église et le souverain temporel d’un petit pays, on condamnait l’un à servir l’ambition ou les nécessités de l’autre ? Nous voulons que le chef de la religion soit indépendant, et nous le forçons d’obéir en esclave à un malheureux principicule d’Italie ; subordonnant ainsi l’avenir de la religion à des intérêts locaux et à des questions de clocher !

La confusion de deux pouvoirs qui gagneraient à être séparés compromet non seulement l’indépendance, mais aussi la dignité du pape. La triste obligation de gouverner les hommes le condamne à mettre ses mains dans des choses qu’il ne devrait pas toucher. N’est-il pas déplorable que les huissiers exproprient au nom du pape ? que les juges condamnent un assassin au nom du chef de l’Église ? que le bourreau coupe des têtes au nom du vicaire de Jésus-Christ ? N’y a-t-il pas je ne sais quoi de scandaleux dans l’association de ces deux mots :