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parce qu’elles sont fraîches. Que vous semble de nos Romains ? Pensez-vous que les descendants de Marius soient une race sans, cœur, incapable d’affronter le danger ? S’il était vrai que la nation n’eût rien gardé de son patrimoine, pas même le courage physique, tous nos efforts pour créer dans Rome une force nationale seraient condamnés à l’avance. Les papes resteraient éternellement désarmés en face de leurs ennemis. Ils n’auraient plus qu’à se retrancher derrière le courage intéressé d’une garnison suisse, ou la protection respectueuse d’une grande puissance catholique. Où serait l’indépendance ? où serait la souveraineté ?

— Monseigneur, lui répondis-je, je connais déjà trop les Romains pour les juger sur les calomnies de leurs ennemis. Je vois tous les jours avec quelle intempérance de courage ce peuple violent et sanguin donne et reçoit la mort. Je sais quelle estime Napoléon Ier professait pour les régiments qu’il a levés ici. Enfin nous pouvons dire entre nous qu’il y avait beaucoup de sujets pontificaux dans l’armée révolutionnaire qui a osé défendre Rome contre les Français. Je suis donc persuadé que le saint-père n’a pas besoin de sortir de chez lui pour lever des hommes, et qu’une éducation de quelques années suffirait pour transformer ces hommes en soldats. Ce qui me paraît beaucoup moins évident, c’est l’absolue nécessité d’une armée romaine. Le pape veut-il s’agrandir par la guerre ? Non. A-t-il à craindre qu’un ennemi envahisse ses États ! Pas davantage. Il est mieux protégé par la vénération de l’Europe que