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la civilisation placés sous le couteau, et tous les honnêtes gens de l’univers en ont frémi, sans en excepter le pape.

Il aurait peu de chose à faire pour arracher cette arme odieuse des mains de ses sujets. On ne lui demande pas de recommencer l’éducation du peuple, ce qui prendrait du temps, ni même de redresser les allures de la justice civile, pour augmenter le nombre des plaideurs en diminuant le nombre des assassins. On le prie simplement de couper vite et bien quelques mauvaises têtes. Mais ce moyen lui répugne. Les assassins de cabaret ne sont pas ennemis du gouvernement.

Il court après eux pour obéir à l’usage de tous les pays civilisés, mais il a le soin de leur laisser un peu d’avance. S’ils arrivent au bord d’une rivière, on cesse de les poursuivre, de peur qu’ils ne tombent à l’eau et ne meurent sans confession. S’ils accrochent la robe d’un capucin, ils sont sauvés. S’ils entrent dans une église, dans un couvent, dans un hôpital, ils sont sauvés. S’ils mettent le pied sur un domaine ecclésiastique, sur une propriété cléricale (il y en a pour 500 millions dans le pays), la justice s’arrête et le regarde courir. Le pape n’aurait qu’un mot à dire pour réprimer cet abus d’asile qui est une insulte permanente à la civilisation : il le conserve soigneusement, afin de montrer que les privilèges de l’Église sont supérieurs aux intérêts de l’humanité. Il est dans son rôle et dans son droit.

Si, par hasard et sans le faire exprès, la police arrête un meurtrier, elle l’amène devant les tribunaux. On