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naux jugent des procès à leurs moments perdus, et les évêques du royaume sont autant de tribunaux vivants.

Pourquoi dissimuler à l’Europe un ordre de choses si naturel ? Il faut qu’elle sache ce qu’elle a fait en rétablissant un prêtre sur le trône.

Tous les emplois qui donnent pouvoir ou profit appartiennent d’abord au pape, ensuite au secrétaire d’État, ensuite aux cardinaux, enfin aux prélats. Chacun tire à soi, dans l’ordre hiérarchique, et, lorsque les parts sont faites, on jette à la nation les miettes du pouvoir, les places dont aucun ecclésiastique n’a voulu, 14 576 emplois de toute sorte, et particulièrement ceux de gardes champêtres. Ne vous étonnez pas d’une telle distribution. Songez que, dans le gouvernement de Rome, le pape est tout, le secrétaire d’État est presque tout, les cardinaux sont quelque chose, les prélats sont en passe de devenir quelque chose ; mais la nation laïque, mariée et qui fait des enfants, n’est et ne sera jamais rien.

Le mot prélat s’est rencontré sous ma plume ; j’ai besoin de l’expliquer un peu. C’est un titre assez respecté chez nous ; il ne l’est pas autant à Rome. Nous ne connaissons de prélats que nos évêques et nos archevêques. Lorsqu’un de ces hommes vénérables sort de son palais dans un carrosse antique, au petit pas de deux chevaux, nous savons, sans qu’on nous le dise, qu’il a usé les trois quarts de sa vie dans les travaux les plus méritoires. Il a dit la messe dans un village avant d’être curé de canton. Il a prêché, confessé, con-