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arrière que les chamois des Alpes auraient admiré. Le pauvre assassin était déjà saisi, garrotté et livré aux juges. Les tribunaux romains, qui pardonnent trop souvent aux coupables, furent sans pitié pour cet innocent : on lui coupa la tête. Le cardinal, plein de clémence, s’était jeté officiellement aux pieds du pape, pour implorer une grâce qu’il était sûr de ne point obtenir. Il paye une pension à la veuve : n’est-ce pas le fait d’un homme d’esprit ?

Cependant, depuis qu’il s’est vu en présence d’une fourchette, il ne sort jamais sans les plus grandes précautions. Ses chevaux sont dressés à galoper furieusement par les rues : c’est au peuple à se garer.

La peur de la mort, la passion de l’argent, le sentiment de la famille, le mépris des hommes, l’indifférence au bonheur des peuples et divers traits de ressemblance accidentelle ont fait comparer Antonelli à Mazarin. Ils sont nés dans les mêmes montagnes ou peu s’en faut. L’un s’est introduit furtivement dans le cœur d’une femme et l’autre dans l’esprit d’un vieillard. L’un et l’autre ont gouverné sans scrupule et mérité la haine de leurs contemporains. Ils ont parlé le français aussi comiquement l’un que l’autre, mais sans ignorer aucune des finesses de la langue.

Cependant il y aurait de l’injustice à les placer sur la même ligne. L’égoïste Mazarin a dicté à l’Europe les traités de Westphalie et la paix des Pyrénées ; il a fondé par la diplomatie la grandeur de Louis XIV et fait les affaires de la monarchie française, sans toutefois négli-