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plomatie et à toutes les volontés de l’Europe ; cramponné au pouvoir, insouciant de l’avenir, abusant de l’heure présente et augmentant tous les jours sa fortune, à la mode de Sonnino.

En 1859, il a cinquante-trois ans. Il s’est conservé jeune. Son corps est svelte et robuste, et sa santé montagnarde. La largeur de son front, l’éclat de ses yeux, son nez en bec d’aigle et tout le haut de sa figure inspire un certain étonnement. Il y a comme un éclair d’intelligence sur cette face brune et tant soit peu moresque. Mais sa mâchoire lourde, ses dents longues, ses lèvres épaisses expriment les appétits les plus grossiers. On devine un ministre greffé sur un sauvage. Lorsqu’il assiste le pape dans les cérémonies de la semaine sainte, il est magnifique de dédain et d’impertinence. Il se retourne de temps en temps vers la tribune diplomatique, et il regarde sans rire ces pauvres ambassadeurs qu’il berne du matin au soir.

Il loge au Vatican, sur la tête du pape. Les Romains demandent, en manière de calembour, lequel est le plus haut, du pape ou d’Antonelli.

Toutes les classes de la société le haïssent également. Concini lui-même ne fut pas mieux détesté. Il est le seul homme sur qui tout le peuple tombe d’accord.

Un prince romain me communiquait l’état approximatif des revenus de la noblesse. En me remettant la liste, il me dit : « Vous remarquerez deux familles dont la richesse est indiquée par des points : c’est l’infini. L’une est la famille Torlonia, l’autre est la famille An-