Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ser la frontière de Turquie. Ces héros se serraient contre leurs maîtres à l’approche du moindre turban, et le plus mince cavas aurait pu les bâtonner sans résistance.


X


Sentiments des Grecs pour les étrangers. ― Les Anglais aux îles Ioniennes. ― Un Anglais qui ne veut pas perdre son accent. ― Are you a gentleman ? ― La haute cour de justice à Corfou.


Les sentiments des Grecs pour les peuples de l’Occident, et en particulier pour leurs protecteurs, ne sont pas faciles à démêler. Le paysan que le hasard a mis en contact avec un voyageur commence par lui demander s’il est Français, Russe, Allemand ou Anglais, et, suivant la réponse, il ajoute d’un air pénétré : « J’aime beaucoup les Français, ils sont vifs et généreux ; » ou : « J’adore les Russes, ils sont orthodoxes ; » ou : « Je vénère les Allemands, il nous ont donné le meilleur des rois ; » ou : J’ai la plus grande admiration pour les Anglais, ils sont aussi bons marins que nous. »

Le fond de toutes ces protestations est une grande indifférence, qui n’est point sans un mélange de haine. S’ils aiment les étrangers, c’est comme le chasseur aime le gibier. Ils témoignent la même affection aux Français, aux Anglais et aux Russes, en les volant uniformément sur tout, en leur vendant impartialement les choses au double du prix qu’on les vend aux Grecs, et en les trompant, sans préférence aucune, sur le change des monnaies. Un Grec