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LA GRÈCE CONTEMPORAINE.

en trente-six heures, et de fort bons bateaux qui font le voyage de Grèce en huit jours sans se presser[1].

À Paris, à Marseille et partout où je disais adieu à des amis, on me criait, pour me consoler d’une absence qui devait être longue : « Vous allez voir un beau pays ! » C’est aussi ce que je me disais à moi-même. Le nom de la Grèce, plus encore que celui de l’Espagne ou de l’Italie, est plein de promesses. Vous ne trouverez pas un jeune homme en qui il n’éveille des idées de beauté, de lumière et de bonheur. Les écoliers les moins studieux et qui maudissent le plus éloquemment l’histoire de Grèce et la version grecque, s’ils s’endorment sur leur dictionnaire grec, rêvent de la Grèce. Je comptais sur un ciel sans nuage, une mer sans ride, un printemps sans fin, et surtout des fleuves limpides et des ombrages frais : les poëtes grecs ont parlé si tendrement de la fraîcheur et de l’ombre ! Je ne songeais pas que les biens qu’on vante le plus ne sont pas ceux qu’on a, mais ceux que l’on désire.

Je fis la traversée avec deux enseignes de vaisseau qui allaient rejoindre la station du Levant et l’amiral Romain Desfossés. Ces messieurs riaient beaucoup de mes illusions sur la Grèce : l’un d’eux avait vu le pays ; l’autre le connaissait aussi bien que s’il l’avait vu : car chaque carré d’officiers, à bord des bâtiments de l’État, est un véritable bureau de renseignements, où l’on sait au juste les ressources, les distractions et les plaisirs que peut offrir chaque recoin

  1. La rapidité des transports a fait de tels progrès depuis un an, qu’on peut aller en sept jours du Louvre à l’Acropole.
    (Note de la 2e édition.)