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LA GRÈCE CONTEMPORAINE.

On sait combien les Anglais sont affables pour l’étranger qui leur est présenté, et froids pour celui qui se présente lui-même. Les Maniotes ont la même qualité et le même défaut, un peu exagérés ; ils poussent l’affabilité jusqu’à l’embrassade, et la froideur jusqu’au coup de fusil. Malgré ces petits travers, ils sont plus intéressants que tous leurs compatriotes, parce qu’ils sont plus hommes.

Quels que soient à l’avenir les maîtres de la Grèce, le Magne sera toujours un pays inaccessible, et la liberté pourra s’y réfugier.


VI


Égalité. ― Les Grecs étaient égaux du temps d’Homère : ils le seront éternellement. ― Impossibilité de fonder une aristrocratie. ― Le ministre et l’épicier. ― Ce qu’il faut penser des princes grecs qu’on voit à Paris. ― Les nobles honteux ; leurs cartes de visite.


Les Grecs ont eu de tout temps le sentiment de l’égalité. On peut voir dans Homère comment les soldats parlaient à leurs chefs et les esclaves à leurs maîtres. Le roi n’était pas fort au-dessus des peuples ; il n’y avait point d’inégalités marquées dans la société ; les pauvres et les mendiants étaient frappés et insultés, mais non méprisés et humiliés. On leur jetait quelquefois à la tête un pied de bœuf ou un escabeau, mais ils parlaient librement aux chefs et mangeaient avec eux. Les esclaves eux-mêmes étaient traités avec honneur, et Eumée embrassait familièrement le fils d’Ulysse. Tous les tra-