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LES HOMMES.


V


Passion pour la liberté : il y a toujours eu des hommes libres en Grèce. ― Le brigandage et la piraterie sont deux formes de liberté. ― Le Magne n’a jamais obéi à personne. ― Impôt payé au bout d’un sabre.


Tout homme intelligent est fier de sa qualité d’homme et jaloux de sa liberté. Quand les Russes sauront penser, ils ne voudront plus obéir. Les Grecs haïssent l’obéissance. Il faut que l’amour de la liberté soit bien enfoncé dans leurs âmes, pour que tant de siècles d’esclavage n’aient pu l’en arracher.

La nature du pays est singulièrement favorable au développement de l’individualisme. La Grèce est découpée en une infinité de fractions par les montagnes et par la mer. Cette disposition géographique a facilité autrefois la division du peuple grec en petits États indépendants les uns des autres, qui formaient comme autant d’individus complexes. Dans chacun de ces États le citoyen, au lieu de se laisser absorber par l’être collectif ou la cité, défendait avec un soin jaloux ses droits personnels et son individualité propre. S’il se sentait menacé par la communauté, il trouvait un refuge sur la mer, sur la montagne, ou dans un État voisin qui l’adoptait.

Grâce à la mer et aux montagnes, la Grèce eut beau être asservie, le Grec put rester libre. L’archipel n’a jamais manqué de pirates ; les montagnes n’ont jamais manqué de brigands ou de clephtes.