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LA GRÈCE CONTEMPORAINE.


III


Les Grecs n’ont point de passions violentes. ― Les fous sont très-rares dans le royaume et très-communs aux îles Ioniennes : pourquoi ?


On peut dire que le peuple grec n’a aucun penchant pour aucune sorte de débauche, et qu’il use de tous les plaisirs avec une égale sobriété. Il est sans passion, et je crois que de tout temps il a été de même ; car les habitudes monstrueuses dont l’histoire l’accuse, et dont il s’est défait, venaient plutôt de la dépravation des esprits que de la violence des sens. Ces mémorables horreurs n’étaient que des sophismes en action.

Aujourd’hui, les Grecs sont capables d’amour et de haine ; mais ni leur haine ni leur amour ne sont aveugles ; ils font le bien et le mal avec réflexion, et le raisonnement se mêle toujours à leurs actions les plus violentes. Ils ne vont tuer un ennemi qu’après s’être assurés de l’impunité ; ils ne séduisent une fille qu’après s’être informés de sa dot.

Aussi la folie est-elle une maladie excessivement rare dans le royaume. On vient de construire dans Athènes un hôpital pour les aveugles : on n’aura jamais besoin d’en bâtir un pour les fous.

Chose curieuse ! la folie est presque épidémique aux îles Ioniennes. M. le docteur Delviniotis, avec qui j’ai visité l’hospice des aliénés à Corfou, me disait : « Comprenez-vous cette contradiction ? Nous