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LES HOMMES.

à l’œil vif, à l’esprit éveillé, qui remplissent les rues d’Athènes, sont bien de la famille qui fournissait des modèles à Phidias.

Il est vrai que la guerre de l’indépendance a détruit la plus grande part de la population. Depuis que la Grèce est libre, elle s’est repeuplée, mais par l’accession de familles grecques.

Les unes venaient de Constantinople, et de ce fameux quartier de Phanar qui a mené si longtemps les affaires de la Turquie. On sait qu’une partie de la noblesse byzantine resta à Constantinople après la conquête de la ville par Mahomet II. Plus instruits et plus habiles que les Turcs, ces Grecs entreprirent de reconquérir par la ruse tout ce que la force des armes leur avait enlevé. Ils se firent les interprètes, les secrétaires, les conseillers des sultans ; et, cachés modestement dans des positions secondaires, ils eurent le talent de mener leurs maîtres. Plus d’un s’éleva jusqu’au rang d’hospodar, c’est-à-dire de gouverneur de province ; ceux qui n’arrivèrent pas si haut s’en consolèrent en s’enrichissant. On compte au Phanar plus de cinquante mille Grecs qui attendent le rétablissement de l’empire byzantin, et qui font leurs affaires en attendant.

Après la guerre de l’indépendance, lorsqu’on vit naître une patrie grecque, plusieurs familles phanariotes vinrent s’établir autour du roi. Ce qui les attirait, c’était la liberté d’abord, peut-être aussi la création d’une cour, dont ils espéraient remplir les principales charges. Les premières familles d’Athènes, les Mourousi, les Soutzo, les Mavrocordato, les Argyropoulo, etc., sont des familles phanariotes.