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LA GRÈCE CONTEMPORAINE.

touffue, est semée de boutons d’or, de mauves sauvages et de marguerites, de vraies marguerites de France. C’est ici le lieu de la fraîcheur et de la paix. Je comprends la fantaisie d’un solitaire qui viendrait s’établir aux bords du Ladon et endormir sa vie au bruit de l’eau, sous les beaux platanes, dans le voisinage des bergers. Nous nous y sommes arrêtés trois ou quatre heures : nous n’avions pas mangé cette fleur du lotus qui fait oublier la patrie.


VIII


Conclusion. ― La Grèce telle qu’elle est.


Le lendemain de mon retour à Athènes je reçus la visite de deux officiers de marine avec qui j’avais voyagé quatre ou cinq mois auparavant. Quand ils eurent assez ri de mes mains noires et de ma figure que le soleil avait pris soin de teindre en brique :

« Eh bien ! me dirent-ils, la Grèce, la belle Grèce ?

— Ma foi, messieurs, leur répondis-je, je persiste à croire qu’elle n’a pas volé son nom. D’abord elle n’est ni aussi nue ni aussi stérile que vous me l’avez faite. On y trouve de beaux arbres et des paysages frais, quand on prend la peine de les chercher. Et puis la stérilité a sa beauté tout aussi bien que l’abondance ; elle a même, si je ne me trompe, une beauté plus originale. Je vous accorde que la Grèce ne ressemble pas à la Normandie : tant pis pour la Normandie ? Peut-être le pays était-il plus boisé, plus