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LE PAYS.


VII


L’Arcadie. ― Le cours de la Néda : nous voyageons dans un fleuve. Le Ladon.


L’Arcadie, que les poëtes ont tant chantée, n’est pas un pays d’Opéra-Comique. Des paysages austères, des montagnes escarpées, des ravins profonds, des torrents rapides, peu de plaines, presque point de culture, voilà en quelques mots toute l’Arcadie. Le Styx, que les indigènes appellent aujourd’hui l’Eau Noire, est un fleuve d’Arcadie si violent, si bruyant et si terrible, que les anciens en ont fait un fleuve des enfers. La Néda, moins effrayante que le Styx, a deux aspects différents ; près du village de Pavlitza, elle forme des cascatelles qui ressemblent en miniature à celles de Tivoli ; une lieue plus loin, elle se précipite dans un gouffre immense, avec le fracas d’une cataracte. En approchant de son embouchure, ce n’est plus qu’un filet d’eau dans un lit large comme une vallée. Nous avons cheminé longtemps sur les galets humides à travers lesquels elle serpente : quand l’eau passait à droite nous prenions à gauche. La Grèce voit à chaque instant les hommes dans le chemin des torrents, et les torrents dans le chemin des hommes. Au milieu du lit du fleuve, on rencontre de grands troncs d’arbres dépouillés de leur écorce, des amas de branchages rompus et pétris ensemble, des cailloux gigantesques grossièrement arrondis ; ces arbres arrachés, ces troncs pelés, ces roches rou-