et l’application de la peine de mort y a été impossible jusqu’en 1847.
Le gouvernement chercha un bourreau dans le pays : il n’en trouva point. Il en fit venir deux ou trois du dehors : il les vit massacrer par le peuple. Il s’avisa de prendre les soldats pour exécuteurs : le sénat ne le permit pas. Enfin, on a trouvé un homme assez affamé pour prêter sa main aux tristes œuvres de la justice humaine. Ce malheureux vit seul, loin d’Athènes, dans une forteresse où il est gardé par des soldats. On l’amène clandestinement en bateau la veille de l’exécution ; on le ramène en toute hâte dès qu’il a fait son coup : avant, pendant et après l’exercice de ses fonctions, les soldats l’entourent pour protéger sa vie.
Lorsque le ministère de la justice fut assez heureux pour trouver un bourreau, il y avait dans les prisons trente ou quarante condamnés à mort qui attendait patiemment leur tour. On liquida comme on put cet arriéré.
La guillotine se dresse à quelques pas d’Athènes, à l’entrée de la grotte des Nymphes. L’échafaud est à hauteur d’homme, et l’horreur du spectacle s’en accroît. Il semble aux regardants qu’ils n’auraient qu’à étendre la main pour arrêter le couteau, et ils se sentent complices du sang répandu. Mais ce qui ajoute le plus à l’intérêt de cette tragédie légale, c’est que le patient défend sa vie. La loi ordonne qu’il marche librement au supplice et que ses mains ne soient pas enchaînées. Or, la plupart des condamnés, brigands de leur état, sont des hommes vigoureux qui ne manquent jamais d’engager une lutte