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LE PAYS.

gnent tous les embarras du voyage, vous procurent des chevaux, des lits, des vivres et un gîte chaque soir, le tout à un prix fort modéré pour le pays. Un voyageur seul paye ordinairement quarante francs par jour ; pour deux ou trois personnes, le prix varie entre vingt-cinq francs et un louis. Nous étions trois : Garnier, qui est peintre presque autant qu’architecte ; Alfred De Curzon, qui s’est déjà fait connaître au salon par la rare distinction de sa peinture et l’art avec lequel il compose ses paysages ; moi, enfin, qui devais les guider dans un pays que je ne connaissais pas. Mais la carte de l’expédition de Morée est si exacte et si complète, qu’on n’a pas besoin d’autre guide. Antonio désirait vivement faire route avec nous, autant peut-être pour le plaisir de voyager que pour le profit qui lui en reviendrait. Les Grecs sont ainsi faits ; ils n’aiment rien tant que changer de place. J’ai entendu Antonio supplier un de mes amis de l’emmener en France. « Vous ne me payerez point, disait-il ; je vous servirai de domestique ; j’aurai soin de votre cheval, et tous les jours je vous ferai votre déjeuner, auprès de quelque fontaine, sous un arbre. » Sous un arbre, ô nature ! Expliquez donc à ces gens-là la vie de Paris et la théorie du restaurant à la carte !

En revanche, Antonio connaît à fond la société grecque et les mœurs de son pays. En homme qui doit voyager, il s’est ménagé des amis partout. Lorsqu’il traverse un village où un enfant vient de naître, il se met sur les rangs pour servir de parrain ; le paysan accepte, trop heureux de placer son fils sous la protection d’un homme cousu d’or, qui habite la