pas fait, rien n’est plus aisé que de le défaire lorsqu’il est fait. Les papas, je l’ai dit, ne sont point incorruptibles, et, pour peu qu’on sache les prendre, ils découvrent dans l’union la plus régulière cinq ou six vices de forme qui entraînent la nullité du mariage. Eussiez-vous vécu quarante ans avec votre femme, ils se feront un devoir de déclarer que vous avez été marié par erreur, et que cette personne ne vous est rien. Mais il en coûte bon, comme dit Panurge.
S’il vous plaît d’avoir été marié, mais qu’il vous déplaise de l’être encore, le divorce luit pour tout le monde. On voit telle personne dans Athènes qui a divorcé trois fois, et qui peut inviter ses trois maris à sa table sans que le public y trouve rien à redire.
Hâtons-nous de remarquer que le divorce est un luxe que les petites gens ne se permettent presque jamais. Les campagnes sont peuplées de ménages exemplaires. Toutes les villageoises deviennent grosses dans les derniers jours du printemps ; elles portent bravement leur fardeau jusqu’à la fin de l’hiver, et elles accouchent unanimement en mars ou en avril. On dirait que les amours des hommes sont soumis à des lois aussi précises que celles des animaux. Ces honnêtes créatures vivent sans passion et sans coquetterie. Une fois mariée, la paysanne la plus élégante ne s’inquiète plus de plaire même à son mari : elle met tout son plaisir et toute sa gloire à élever le plus grand nombre d’enfants qu’il se pourra. Elle se trouve assez belle le dimanche si elle peut aller à la promenade, précédée de son mari, suivie de cinq ou six mar-