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LA GRÈCE CONTEMPORAINE.

mettre en route, quand les torrents sont à sec. Le mois de mai et le mois d’octobre sont les plus favorables ; en juin il serait trop tard, en septembre il serait trop tôt : à courir les chemins sous le soleil de l’été, vous risqueriez votre vie, ou tout au moins votre raison.

J’étais si impatient de commencer cette belle vie aventureuse, que je trouvais le 1er  mai bien lent à venir. Je me hâtais d’apprendre le grec moderne, pour voyager sans interprète et causer avec les hommes que je rencontrerais. Tous les soirs mon domestique, ce bon vieux Petros, descendait dans ma chambre et me donnait une leçon. Je faisais des progrès rapides, car le grec moderne ne diffère de l’ancien que par un système de barbarismes dont on trouve aisément la clef. Le tout est d’écorcher convenablement les mots que nous avons appris au collège : il n’y a rien de changé au fond de la langue. « Viens ici, mon Pierre, disais-je en lui prenant le bras : comment appelles-tu cela ? » Il me nommait successivement toutes les parties de son corps, tous les meubles de ma chambre ; il entrait, en son patois, dans des explications sans fin où je tâchais de me reconnaître ; bref, au bout de deux mois de cette gymnastique, je savais sa langue aussi bien, c’est-à-dire aussi mal que lui. Je suis peut-être le dixième Français à qui il a enseigné le grec, sans qu’on ait jamais pu lui apprendre un mot de français.

Quand mon domestique fut content de moi et qu’il m’eut donné un bon certificat, je voulus me mettre en route ; mais avril commençait à peine. On me conseilla de faire, en attendant le mois de mai, un