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LE PAYS.

les âpres rochers, les plages riantes, tout recèle la fièvre : en respirant sous les orangers un air embaumé, on s’empoisonne ; on dirait que dans ce vieil Orient l’air même tombe en décomposition. Le printemps et l’automne produisent dans tout le pays des fièvres périodiques. Les enfants en meurent, les hommes en souffrent. Il faudrait quelques millions pour dessécher les marais, assainir le pays et sauver tout un peuple. Heureusement la race grecque est si nerveuse que la fièvre ne tue que les petits enfants : les hommes ont quelques accès au printemps ; ils coupent la fièvre, et ils l’oublient jusqu’à l’automne.


IV


Première excursion. ― Comment on apprend le grec moderne. ― Mon professeur cire mes bottes. ― Voyage dans l’île d’Égine, avec Garnier. ― Nous donnons le spectacle aux Éginètes. ― Paysage.


Si l’on arrive sans peine aux bords du Céphise et de l’Illissus, il est moins facile de pénétrer dans le cœur du pays ; et cette merveilleuse compagnie des Messageries impériales, malgré tout son bon vouloir, ne saurait vous transporter ni à Sparte ni à Thèbes ; aussi la plupart des étrangers se contentent de voir l’Attique, et jugent la terre de Grèce d’après la campagne d’Athènes. Je les plains : ils ne connaissent pas les fatigues enivrantes et les dégoûts délicieux d’une longue course à travers cet étrange pays. C’est au printemps et à l’automne qu’il faut se